L’église de Jovard est très ancienne et a probablement été édifiée par les bénédictins de Méobecq, lors de la création de leur prieuré, dont les bâtiments sont soudés à l’édifice, sur le coté sud (XIème ou XIIème siècle).
La nef, qui mesure intérieurement 16m de longueur sur une largeur d’environ 4m30, est flanquée au nord d’une chapelle avec deux arcades de communication ; et, au midi des fonts baptismaux. Elle est précédée d’un narthex de 4m25 de coté, sorte de vestibule correspondant à la base du clocher. Le portail, qui perce le pignon à l’ouest, est de style ogival, mais un examen attentif des détails de sa construction laisse deviner qu’il a remplacé une ouverture plein-cintre. En effet, les arcades faisant communiquer la nef avec la chapelle et les fonts baptismaux, sont également postérieures à la construction primitive ; et il suffit, pour s’en convaincre, d’observer, indépendamment du polissage plus soigné des pierres taillées, le raccordement avec le mur de la nef.
Des piliers carrés, engagés dans les murs, et surmontés d’un chapiteau sans aucun ornement qu’une moulure, soutenaient la vouture de pierre qui a disparu, remplacé par un plafond ordinaire, dont les poutres sont apparentes dans le narthex. Le chevet, carré, s’éclaire de trois longues fenêtres, si étroites qu’on a cru utile, pour laisser pénétrer un jour suffisant dans la nef, de percer plus tard, au midi, une baie carré d’assez grande dimension.
Les deux cloches sont abritées dans des niches surmontant le pignon ; et si l’une d’elles est moderne, l’autre, très ancienne, porte l’inscription oret voce pia. Y eut-il autrefois un clocher avec une flèche ? C’est probable. L’abbé Villepelet dit que ce clocher aurait été détruit en 1726. Nous n’avons pu trouver la confirmation ; mais douze années plus tard, en 1738, les habitants de Jauvard conclurent un marché pour la réparation de leur église ; et dans le devis, qui s’élevait à 50 livres, il est mentionné que l’on doit « refaire la porte du clocher, avec une clef » (archives des notaires)
En 1754 et 17690, les collecteurs d’impôts, Fleurant Boucher, maître armurier au bout du pont, et Fiacre Lorlu, durent faire rentrer respectivement 190et 175 livres pour de nouvelles réparations ; mais nous restons dans la même incertitude.
Tout ce que nous pouvons dire, c’est que la facture de la charpente de cette partie du toit est différente de celle du reste de la nef. Enfin les deux têtes de pierre sculptées qu’on a placé sans symétrie à la pointe du pignon indiquent bien qu’on a remanié le haut de la façade.
Tout le long du mur nord de la nef et de la chapelle, figurent à l’extérieur les traces encore très visibles de la litre seigneuriale, bande peinte sur le crépi de la muraille, et où le seigneur faisait semer, de loin en loin, les armes de sa maison ; c’était le signe de sa toute puissance et la marque de la légitimité de ses droits honorifiques dans l’église. On y distingue toujours, malgré le temps, au moins quatre figures : une première presque entièrement effacée, une seconde, où l’on reconnaît aisément le tracé d’un blason à trois pièces héraldiques, les porcs-épics des Lecoigneux (?) ; l’écu est surmonté d’une couronne et entouré de deux palmes de feuillage peint en vert ; la troisième, situés au dessus d’une ancienne porte, laisse deviner un blason dont on distingue seulement les contours ; la quatrième représente, à ce qu’il nous a semblé, une pièce centrale ornée de feuilles, avec la même teinte verte encore très vive.
L’église de Jauvard, dédiée à la Vierge, contient deux statues de la mère du Christ, en bois fort vermoulu, vêtues d’une longue robe blanche, et qui attiraient autrefois une grande foule de pèlerins, le dimanche de la Trinité. Le « voyage » consistait en une visite à sept croix placées de loin en loin sur les chemins conduisant à la fontaine du Magnoux, dans les eaux limpides de laquelle les fidèles jetaient quelque menue monnaie, pour attirer sur leur progéniture la grâce divine. Si nombreuse était la foule, qu’en 1863 encore, le maire de Bélâbre devait règlementer, par un arrêté, le stationnement des voitures dans les chemins du village et mettre de l’ordre dans l’installation des boutiques foraines, des tentes de cabaretiers et des exhibitions des saltimbanques, qui attendaient les badauds devant la petite église.
Il est vrai que des nécessités plus profanes attiraient aussi à Jauvard, ce jour-là, une grande quantité de jeunes gens désireux de louer leurs services comme domestiques de ferme.
Textes tirés de la monographie de Bélâbre
de Maxime Jules Berry
extraits de la plaquette de l'Association pour le patrimoine du pays de Bélâbre