L’église de Nesmes est au moins aussi ancienne que sa voisine de Jovard, et l’on peut supposer qu’elle n’a pas été reconstruite depuis l’époque lointaine où Pierre II, évêque de Poitiers, en faisait donation aux bénédictins de Saint-Savin, en 1092. C’est un édifice fort modeste, aux murs nus, sans aucun ornement et qui symbolise bien la simplicité dans laquelle ont vécu, pendant des siècles, les paysans des bords de l’Allemette et leurs pasteurs successifs.
La nef mesure aujourd’hui une longueur totale de 16 mètres sur une largeur de 9 mètres environ; le clocher carré est en avant, au pignon, et ses murs nord et sud portent deux arcades plein–cintre où se trouvaient les deux petits autels de la Vierge et de Saint—Eutrope, dont la démolition, décidée par les habitants le 5 juin 1758, fut exécutée par mesure d’économie.
Le chevet est percé d’une grande baie ogivale portant un vitrail qui représente le patron actuel, Saint—Fiacre. Cette ouverture est de toute évidence, postérieure à la construction de l’église. L’autel est une simple pierre de taille, creusée pour le dépôt des reliques.
En 1833, lors de la confection du cadastre, la nef comprenait une travée supplémentaire en avant du clocher; on en aperçoit encore les pierres des fondations; et cette partie, qui portait à vingt mètres la longueur totale de l’édifice, a dû être supprimée à cause de sa vétusté.
L’église était d’ailleurs désaffectée depuis la Révolution, et dans un état d’abandon déplorable: on voit bien, en effet, que le pignon a été hâtivement refait, avec un grossier portail d’entrée qui conviendrait à peine pour une grange
En 1827, le conseil municipal de Bélâbre avait décidé la vente du bâtiment, avec le petit terrain y attenant au sud, et qui était l’ancien cimetière. Le tout était estimé 250 F, et une ordonnance royale du 23 mai 1830, autorisait cette aliénation. Peut-être est-ce la Révolution de Juillet qui empêchera l’opération, dont le produit devait servir à la réparation de l’église de Jovard.
Mais l’édifice continua d’être délaissé, au point qu’en 1867, M.Gaudon écrivait au curé Defausse une lettre indignée:
"Vous savez sans doute, disait–il, dans quel état déplorable est l’ancienne église de Nesmes. Mieux vaudrait la destruction complète que les vestiges exposés aux animaux, aux ordures, aux rendez-vous honteux, le tout présidé par la statue du patron manent aux sentiments religieux"
M.Gaudon proposait l’ouverture d’une souscription publique et promettait lui-même de la compléter, pour arriver à un total de 1500 Fr.
Aujourd’hui, l’église de Nesmes ne provoque plus le scandale; et les curés de Bélâbre y célèbrent même quelques cérémonies, de temps à autre.
Le patron de la paroisse était primitivement Saint—Clément, c’est aujourd’hui Saint—Fiacre, patron des jardiniers. Mais le souvenir du premier protecteur s’est conservé très longtemps: au XVIIIème siècle, différents documents mentionnent une « croix Saint—Clément », même une ferme Saint—Clément, appartenant au seigneur de la Gâtevine.
La croix se dressait à Lagereuil, à la limite de la paroisse de Lignac; la pierre du socle existe encore dans un buisson; et le représentant actuel d’une vieille famille de Nesmes se souvient toujours du nom que donnaient ses ancêtres à la croix de Saint—Clément et à la ferme voisine.
Textes tirés de la monographie de Bélâbre
de Maxime Jules Berry
extraits de la plaquette de l'Association pour le patrimoine du pays de Bélâbre