L'an 1851, le troisième jour du mois d'août, M. Charles Jacques Camille Lecoigneux de Bélâbre étant maire, en présence d'une troupe nombreuse de fidèles, et de M. l'Abbé Caillaud, vicaire général délégué par son Eminence le Cardinal du Pont, Archevêque de Bourges, a été posée la première pierre de cette église, dont la construction a été confiée à MM. de Mérindol, architecte, et Dumiot Amouille, entrepreneur.
L'église est placée sous le patronage de Saint Blaise, patron des éleveurs de bovins et ovins, fêté le 3 février. Saint Blaise était médecin et évêque en Arménie, il fut martyrisé en 316. Saint Blaise est invoqué dans les cas de maladies de gorge et pour les maladies des animaux.
L'église de Bélâbre est l'oeuvre de Jules de Mérindol, architecte auteur de monuments parisiens tels que: la Grande Halle de la Villette, le Carreau du Temple, le Marché Saint-Honoré et le Théâtre Athénée. Artiste et architecte historiciste, précurseur issu de la "nouvelle vague" artistique sous Napoléon III, Jules de Mérindol fut recruté par le marquis et maire de Bélâbre, Charles Lecoigneux, pygmalion déterminé à offrir à ses administrés une église conjuguant modernisme et création artistique. Il fit venir les grands maîtres-verriers de l'époque, Lobin, Gaudin et Gesta, pour illuminer et emplir l'église de cette lumière voulue par Jules de Mérindol préfigurant déjà les grands axes de l'architecture avant-gardiste de fer et de verre du XIXème siècle. Jules de Mérindol, architecte diocésain de Poitiers et architecte des monuments historiques, a restauré diverses églises dans le Berry mais l'église Saint-Blaise de Bélâbre est la seule église conçue et construite en son entier dans l'Indre par Jules de Mérindol.
La façade est constituée d'un imposant clocher-porche de style gothique flanqué de contreforts à pinacles, percé d'une haute baie à remplage et terminé par une tour carrée de style roman couverte à quatre pans. L'église se poursuit par une nef, un transept et un choeur à pans coupés, tous recouverts d'un berceau de bois de belles proportions. L'ensemble est bien éclairé par les verrières signées par trois grands maîtres-verriers qui se partagent le chantier des rénovations des églises de France au XIXème siècle: Gaudin à Clermont-Ferrand, Gesta à Toulouse et Lobin à Tours. Le vaste volume de l'église était nécessaire par le fait que les villages voisins de Jovard et Nesmes avaient perdu leur statut paroissial et que leurs habitants devaient donc se joindre à ceux de Belâbre pour les offices.
Dans la nef, Gaudin reproduit Sainte Elisabeth du Portugal qui marque la situation de Bélâbre comme étape vers Compostelle car Sainte Elisabeth, reine du Portugal, est connue comme étant la seule souveraine ayant accompli le pélerinage. Il signe également le vitrail de Sainte Radegonde, reine des Francs, belle-fille de Sainte Clotilde. Gesta signera le vitrail de Sainte Clotilde, représentée devant la victoire de Tolbiac. Cet arrière-plan évoque la parole de Clovis: «Dieu de Clotilde, si tu me donnes la victoire, je me ferais chrétien.» Ces trois reines font face au vitrail de Sainte Monique, patronne des mères chrétiennes rappelant à l'assemblée des fidèles le rôle social des mères.
Les vitraux du choeur sont signés L L (Léopold Lobin père) 1853, une des premières oeuvres dans l'Indre de ce maître-verrier tourangeau, qui se voulait «passeur de lumière». L.Lobin est avant tout un artiste, un dessinateur dans l'âme, qui fait poser des modèles vivants ou bien utilise des mannequins, très attentif à ce que son oeuvre se rapproche le plus possible du «rendu naturel de la peinture du chevalet». De chaque côté de Sainte Monique figuraient deux vierges martyres, Sainte Cécile et Sainte Solange; reste le vitrail de Sainte Solange, patronne du Berry, qui vécut au IXe siècle. Elle voulait se consacrer à la vie religieuse et s'est soumise au martyre pour conserver sa chasteté. Les fonts baptismaux en fonte de fer fondu datent du XIXème siècle et sont inscrits au titre d'objet aux Monuments Historiques.
Textes tirés de la monographie de Bélâbre
de Maxime Jules Berry
extraits de la plaquette de l'Association pour le patrimoine du pays de Bélâbre